La Chine a reporté le retour de trois astronautes de sa station spatiale, invoquant une collision présumée de débris sur leur vaisseau spatial. La décision, annoncée mercredi par l’Agence chinoise des missions spatiales habitées (CMSA), donne la priorité à la santé et à la sécurité de l’équipage.
La mission retardée et les détails de l’équipage
La mission Shenzhou-20, lancée le 24 avril depuis le centre de lancement de satellites de Jiuquan, dans le désert de Gobi, dans le nord de la Chine, marquait le 35e vol du programme spatial habité chinois. Le commandant de la mission Chen Dong, aux côtés de ses coéquipiers Chen Zhongrui et Wang Jie, ont passé environ six mois en orbite à la station spatiale Tiangong. Leur retour au site d’atterrissage de Dongfeng, en Mongolie intérieure, était prévu pour jeudi.
Enquête sur la frappe du vaisseau spatial
La CMSA mène actuellement une analyse et une évaluation des risques suite à la grève présumée. Un aspect crucial de l’enquête consiste à déterminer si l’impact a compromis des systèmes critiques du vaisseau spatial Shenzhou-20, compromettant potentiellement une rentrée sûre dans l’atmosphère terrestre.
Risques croissants de débris spatiaux
L’incident met en lumière un problème plus vaste : le problème croissant des débris spatiaux. À mesure que davantage de satellites sont lancés, le risque de collision et de création d’encore plus de débris augmente considérablement. Les fragments de fusées sont l’un des principaux contributeurs, restant souvent en orbite longtemps après la fin de la mission d’un satellite. De plus, les tests antisatellites, qui détruisent délibérément les satellites, génèrent de grandes quantités de débris spatiaux. La destruction d’un satellite météorologique par la Chine en 2007 reste un exemple significatif, les scientifiques continuant de suivre les débris qui en résultent.
“On ne les voit pas, et ils sont mortels”, a déclaré Christophe Bonnal de l’Académie internationale d’astronautique.
La menace des petits débris
Alors que les objets plus gros sont suivis pour éviter les collisions, de nombreux morceaux plus petits (micrométéoroïdes et débris) constituent une menace sérieuse. Même un objet aussi petit qu’un millimètre peut causer des dommages substantiels en raison de sa vitesse dans l’espace. Se déplaçant à une vitesse d’environ 100 kilomètres par heure, un objet aussi petit peut avoir le même impact qu’une boule de bowling. Les scientifiques estiment qu’environ 130 millions d’objets de ce type gravitent autour de la Terre.
Augmentation de la probabilité de collision
La probabilité de collisions a augmenté ces dernières années, en partie à cause du déploiement de grandes constellations de satellites comme Starlink de SpaceX et Qianfan et Guowang de Chine. Comme l’a déclaré Bian Zhigang, vice-administrateur de l’Administration spatiale nationale chinoise : « Nous pouvons constater qu’il y a davantage de risques ».
La réponse de la Chine aux débris spatiaux
La Chine recherche activement des solutions, notamment « l’élimination active des débris spatiaux en orbite », comme l’a souligné Bian Zhigang lors du Congrès astronautique international. Dans des scénarios extrêmes, l’agence spatiale chinoise a indiqué la possibilité de lancer un vaisseau spatial d’urgence en attente pour sauver les astronautes, en envoyant potentiellement un engin sans pilote vers la station spatiale pour faciliter le retour de l’équipage de Shenzhou-20.
L’ascension rapide de la Chine dans l’exploration spatiale
Après deux décennies de relative stagnation après le lancement du premier satellite en 1970, le programme spatial chinois a connu une résurgence remarquable. Jonathan McDowell, astronome et expert en exploration spatiale, souligne que la Chine est passée de la quatrième à la deuxième place mondiale, rivalisant avec les États-Unis.
« Ils sont désormais entrés dans une ère d’occupation humaine permanente », a déclaré M. McDowell, faisant référence au fait que la station spatiale a toujours un astronaute chinois. “C’est une réalisation vraiment impressionnante de la part d’un partant tardif.”
Activités de l’équipage et opérations de la station
Au cours de leur mission de six mois, l’équipage du Shenzhou-20 a effectué des sorties dans l’espace, géré les livraisons de marchandises et réalisé diverses expériences scientifiques. L’équipage a été remplacé la semaine dernière par une équipe de relève à bord du vaisseau spatial Shenzhou-21, et les deux navires sont actuellement amarrés à la station Tiangong.
La décision de retarder le retour des astronautes de Shenzhou-20 souligne les défis croissants posés par les débris spatiaux et l’importance de donner la priorité à la sécurité des astronautes. L’investissement continu de la Chine dans l’exploration spatiale et son approche proactive en matière de réduction des débris la positionnent comme un acteur clé pour garantir la durabilité à long terme des activités spatiales.

































